Allassane

Allassane et le serpent d’acier

Allassane, celui qui est beau. Dans son pays, le Nigeria, les enfants sont beaux, beaux comme des enfants. Lui, Allassane, il habite le delta du Niger ce grand fleuve qui les a toujours fait vivre lui et sa famille. C’est le pays Ogoni. Il habite à Bodo sur la berge du grand fleuve. Le grand fleuve qui les a toujours fait vivre. Son père il est pêcheur. Enfin il était pêcheur, comme son grand-père, et comme le père de son grand-père. Sur le bord du Niger, on avait toujours au moins de quoi manger. Avant… Dans la mangrove, les marécages, les femmes trouvaient dans le sable toute sorte de coquillages. Avant… Allassane, il avait même commencé à aller à l’école. Il avait déjà appris quelques lettres. Avant…

Depuis la vague noire. Il n’y allait plus. Depuis la vague noire, tout avait changé. Sa sœur Abagbé était toujours malade, elle avait des diahrées, elle vomissait souvent, elle avait bu l’eau grise.

« Il ne faut pas boire l’eau grise. » martelait M’Ba sa grand-mère. Son père ne partait plus sur la barque. Sa mère ne ramenait plus rien de la Mangrove. Quand elle ramenait quelques coques, elle était épuisée. Elle était allée loin, toujours plus loin. Loin, toujours plus loin. Loin, toujours plus loin. La vague noire s’infiltrait partout, elle progressait, elle avançait dans le pays Ogoni et les femmes devaient aller loin, toujours plus loin ; Loin, toujours plus loin. Loin, toujours plus loin…

Début d’une histoire, début d’un spectacle sur les droits des enfants…